L’ARCHITECTURE DU SALENTO LES TOURS DE DEFENSE
Sainte Sophie devient la « Grande Mosquée » et une nouvelle et superbe grande puissance, cultivée et agressive, naît en Méditerranée orientale. Elle entrera rapidement en conflit avec la République de Venise, qui, jusque-là, avait librement navigué sur les mers de l’Adriatique à la mer Egée, avec ses flux de marchandises et ses innombrables implantations et domaines, disséminés de Dalmatie à l’Asie mineure et au-delà.
Les Pouilles devinrent une plaque tournante stratégique pour les incursions ottomanes et, en dépit de l’occupation de la péninsule en 1484 par les Vénitiens (débarqués à Taviano), ces derniers ne réussirent plus à freiner l’élan des ottomans. L’algérien Khaized-Din (dit Barberousse) détruisit Castro et Marittima en 1537 et, sur la côte ionique, l’antique Ugento. Le système de défense des Pouilles, en particulier dans le Salento, était déficient et précaire. Composé d’ouvrages remontant à la Rome antique ou aux Byzantins (pour se défendre contre les Lombards et les Aragonais) construits au cours des siècles précédents sous forme de tours côtières et de fermes fortifiées, il n’était plus à la hauteur des besoins. C’est alors que sur la scène européenne, le conflit impitoyable entre le roi de France François Ier et Charles Quint, roi d’Espagne, se résolut en faveur de ce dernier le conduisant à gouverner une grande partie de l’Europe.
L’histoire du Salento est parsemée d’une multitude d’invasions au début, par des peuples qui s’y installèrent, comme les Messapes et les Japiges, puis, par les Grecs; des incursions des pirates sarrasins, des attaques et des pillages, jusqu’au grand péril ottoman, qui nourrissait notamment l’idée de réunifier l’Empire romain d’Orient avec Rome. Ce fut donc, au nom de l’empire de Charles V que le vice-roi du royaume de Naples, Pierre de Tolède, promut en 1532 une première ligne de défense massive et stratégique le long des côtes adriatique et ionienne des Pouilles, ce vaste promontoire qui s’avance au cœur de la Méditerranée. Tel un urbaniste des systèmes de défense, il fit réaliser un projet où chaque tour pouvait détecter et signaler à la suivante les dangers qui se profilaient à l’horizon. Cornes de brume et cloches donnaient l’alarme, ou des signaux visuels, comme la fumée (de jour) et le feu (de nuit). Une deuxième ligne de défense était formée par les fermes fortifiées puis, plus à l’intérieur, des châteaux imposants parmi lesquels figure, aujourd’hui encore, celui de Achaïe. Les mesures du vice-roi furent renforcées en 1563 par l’ordonnance de Don Pedro Afan de Ribera
Cette Italie, dressée et baignée par les eaux en presque tous les points de son territoire, « s’offrait », point d’attraction et aimant pour d’autres populations.
The biblical exodus that millions of people carry out daily in recent years, puts in motion old grudges, fears and imbalances, and there is the need for a new conscience that will bring the great States (colonisers) to develop jobs and margins for a potential growth in the original places, in order to bring our Mediterranean back to being, as it was, a place for merchants, economic-financial exchanges, culture, religion, thought and work.
En 1529, après de multiples conflits et, finalement, un accord avec le pape Clément VII, Charles V obtint la reconnaissance des possessions qu’il convoitait en Italie, y compris le royaume
de Naples, qui comprenait ses Pouilles bien-aimées
(où ne se rendit d’ailleurs jamais).
Le coût économique d’une telle entreprise était devenu si élevé que, par le biais d’appels d’offre, des titres furent conférés à ceux qui
prirent en charge la construction de tours, les « Capitaine des Tours», lesquels outre l’alerte contre les raids et la préparation des défenses avec canons et mousquets, pouvaient également percevoir
des droits. Aux insolvables était « durement »
refuser le droit d’être défendus.
Les tours, plus tard, serviront aussi à lutter contre la contrebande, en partie tolérée, pour empêcher le commerce illégal de sel en vogue à ce moment-là, compte tenu de la pauvreté des populations rurales et pour faire obstacle à la traite des esclaves. Les tours édifiées par Charles V, construites avec des morceaux de tuf réguliers, sont généralement carrées ou circulaires et leur base est en pente avec à l’intérieur habituellement deux étages et une terrasse crénelée. Des meurtrières et collecteurs d’eau complètent la façade. Les tours sont équipées d’une citerne souterraine pour recueillir l’eau de pluie. Dans certains cas elles sont devenues aujourd’hui des Capitaineries de Ports encore opérationnelles. Beaucoup sont (malheureusement) en ruines et d’autres ont été restaurées. Pour reprendre les mots de Mario Muscari Tomajoli « La construction d’observatoires fortifiés se retrouve dès Plutarque (125-50 avant JC) et fut également entreprise par les Romains, dont le commerce connut une crise due aux pirates jusqu’à 67 ans avant JC, lorsque la loi Gabinia permit à Pompée d’armer une flotte contre les pillards et de pacifier le Mare Nostrum . »
Ce système de défense n’existe pas uniquement dans les Pouilles et dans le Salento, et sur nos côtes et sur bien d’autres côtes de la Méditerranée il indique, comme une immense ponctuation
sur les cartes, le rapport d’amour et de peur que
la grande mer portait avec elle.
Sa première place dans la civilisation, l’histoire, la fertilité de la nature et les coutumes lui imposait aussi d’avoir un système
de défense et c’est ainsi qu’aujourd’hui ces constructions admirables inscrites dans le rythme fluide des paysages
sont devenues des signes indélébiles de l’histoire.